Voyage d’étude en vignoble Hongrois du 19 au 25 novembre 2016


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Départ aux aurores, 1, 3, 6, 13 nous sommes au complet à Marignane, la nuit fut courte mais il fallait arriver de bonne heure pour profiter d’une première journée.
Heureux de partir ensemble dans un pays inconnu de tous, et de découvrir ou redécouvrir ses vins.

A l’arrivée à Budapest, Istvan Szikszal, chef Sommelier au Hilton à Budapest et secrétaire général de la Sommellerie de Hongrie nous attend.
Conduits à notre hôtel, et c’est le Président de la Sommellerie de Hongrie qui nous accueille en personne, Gabor Kovàcs, chef sommelier à l’hôtel Continental où nous résidons.

Un pot d’accueil et quelques grignotages accompagnent un  blanc et rosé pétillants
« Bujdoso Bardo et Bujdoso Zold » frais, printaniers, le ton est donné, la convivialité est de mise. Laszlo Angerman Chef Sommelier au restaurant 1* Michelin le TANTI à Budapest (Meilleur Sommelier de Hongrie, candidat au mondial à Mendoza en avril dernier) et Fanny son assistante nous rejoignent, ils nous accompagneront pendant 2 jours.

Après midi tourisme, centre ville : marche digestive et direction les bains Szechenyi de Budapest, d’origine romaine, la ville a su profiter de cette richesse minéralité aux vertus reconnues pour construire avec faste ce bâtiment, une succession de piscines à tailles et températures différentes, remous… etc, volupté des lieux, richesse des décors. Certains ont testé.

La Ville nous apparaît magnifique, témoignage d’un passé à la fois riche puis douloureux.

Le soir, partis à pied à la recherche de notre restaurant  « Rezkakas » le GPS de Cyril s’est un peu enrayé, après 2 kms, nous avons opté pour le taxi.

Bel endroit que cette adresse, bistro de luxe, très bon service de classe, belle carte des vins, l’ambiance est chaleureuse, choix à la carte, foie gras pour certains, assiette de charcuterie et spécialités puis longe de porc bien cuite, pommes de terre goulasch et croquettes de pomme de terre, vin blanc « Tokaji Hàrslevelù 2012″, « Furmint Szaraz/dry 2014 », « Huba Szremley », « Badacsonyi Héknyelù »
Le tout bercé par un trio violoncelle, violon, piano hongrois, musique slave, d’inspiration viennoise, bref locale, ils ont entonné des airs français, nostalgie et émotion… on sait flatter la clientèle…
Le ton est donné, ce voyage a bien commencé.

Dimanche le 20 novembre : Budapest à la carte

Une journée libre s’offre à nous pour découvrir Budapest, la perle du Danube, chacun à son rythme. Il y avait des moments où l’on se séparait, se perdait de vue, mais ce n’était que pour mieux se retrouver le soir autour d’un repas qui nous a donné un avant-goût de la richesse de vins hongrois qui nous attendait par la suite.
Après le petit déjeuner à l’heure chrétienne de 8h00, ce qui représente la seule grasse matinée de tout notre séjour, rassemblement dans le hall de l’hôtel et décision collective de prendre des billets pour le « Hop On, Hop Off » tour : un bus rouge à deux étages qui propose des commentaires en 22 langues et permet de voir les attractions principales de la ville, en montant et descendant à volonté sur son parcours. Il n’y a que notre sportive Élisabeth qui a préféré partir à pied, mais nous avons eu la bonne surprise de la rencontrer par hasard au cours de la journée.

Nous montons dans le bus devant le New York Café, non sans jeter un coup d’œil à son magnifique décor baroque, et c’est parti ! On traverse le Danube de Pest à Buda par le pont Élisabeth (pas nommé pour la nôtre, mais pour l’impératrice autrichienne « Sissi ») et montons à la citadelle, avec en route quelques infos sur Budapest et la Hongrie.

Le pays compte 10 millions d’habitants dont 2 millions à Budapest. Plus de deux tiers de la population est catholique. Le PIB par habitant se chiffre à 23 000 USD (environ la moitié de celle de la France). Son histoire mouvementée commence avant l’an mille quand sept tribus magyares s’y installent. En 1242 les Mongols dévastent la Hongrie suivi par les Turks qui cèdent leur place aux Habsbourg.  S’enchaînent guerres (d’indépendance et mondiales) et paix, souvent de courte durée, avant que la Hongrie se libère définitivement du joug communiste en 1989, avec la proclamation de la République hongroise, et devienne membre de l’Union Européenne en 2010.
Première halte, la citadelle, avec une vue panoramique sur la ville qui s’étale à nos pieds, ses splendeurs architecturales éclairées par un doux soleil. Une photo du groupe s’impose, puis nous poursuivons notre itinéraire, parfois en bus, parfois sur nos deux jambes (dix kilomètres arpentés quand même !).

Nous avons traversé le Danube à pied, par le grandiose pont des Chaînes avec ses quatre lions en pierre, le premier des sept ponts de la ville à être construit (entre 1839 et 1849) nous sommes montés à la colline du Château par le cocasse funiculaire en bois. Nous avons profité du grand marché de Noël dans le centre-ville, qui propose une sélection originale de jolis objets décoratifs (céramiques, broderies, bijoux, sujets en pain d’épice) ainsi que d’alléchants stands de « street-food » à la hongroise. Certains d’entre nous y ont pris un déjeuner sur le pouce (saucisses, vin chaud, délicieux gâteau à la broche), d’autres sont allés au Café Gerbeaud, la plus grande et la plus connue pâtisserie de Budapest, où Sissi – encore elle – avait ses habitudes. Impossible de résister à l’ambiance charmeuse d’une autre époque, au gâteau Gerbeaud, à la Dobus torte, au palatschinken…

Rendez-vous à 15h00 à l’embarcadère, pour une croisière d’une heure sur le Danube, trait d’union entre Buda et Pest, le plus long fleuve d’Europe, 350 mètres de large ici. Parmi les splendides édifices qui longent le fleuve, le Parlement hongrois est peut-être le plus beau et certainement le plus cher bâtiment jamais construit en Hongrie. La visite de son intérieur, décoré de 40 kilos de feuille d’or sera pour un prochain voyage. Sur le chemin de retour à l’hôtel, passage par la  Grande Synagogue, la plus grande d’Europe. Franz Liszt (lors de l’inauguration) et Camille Saint-Saëns y ont joué de l’orgue.

Ce soir nous retrouvons notre hôte, Gábor Kovács, pour un dîner à l’Araz, le restaurant gastronomique de l’Hôtel Continental. Outre ses fonctions de Président et Chef Sommelier dans cet établissement, Gabor dirige aussi l’École des Sommeliers à Budapest.

Gabor Kovàcs entouré de Gisèle Marguin et Stéphane Opiard

Il nous a conçu un menu à trois temps qui nous dévoilent quelques spécialités de la cuisine hongroise accordées à un trio de vins représentatifs du monde étonnement complexes et variés de la viticulture hongroise. En entrée, une soupe « royale » de goulash à la truffe est accompagnée d’un primeur rouge 2016 de la région de Szekszárd, dont la charpente pourrait faire rougir la plupart des Beaujolais nouveaux ! Un assemblage, sans macération carbonique, de Zweigelt, Blauburger et de Portugais bleu, il nous initie à trois des 62 cépages de la Hongrie. Le plat principal, de la savoureuse échine de porc servie avec pommes de terre, poires et crème de chou-fleur, s’accorde à merveille avec un kékfrankos 2016 de la région de Soproni. Fruité, rond, avec des notes d’épices, ce rouge bio est une belle introduction au cépage le plus planté en Hongrie. Le dessert, une génoise aux pêches, porte le joli nom de « Caprice de femme » et se fait escorter par un hárslevelű 2014 de Tokaj, dont les arômes de tilleul, thé, abricot et miel seront parmi les grands plaisirs olfactifs de notre voyage.

On a hâte de partir le lendemain à la découverte de cette région viticole célèbre inscrit sur la liste du patrimoine mondial d’UNESCO depuis 2002.

Lundi 21 Novembre : A la découverte du Vignoble de Tokaj

Nous voici partis de bonne heure pour près de 3 h de route accompagnés de Istvan Szikszal, Meilleur Sommelier de Hongrie, et conduits par Norbiy.

Dès que nous quittons Budapest, nous découvrons une campagne triste et dénudée, plate, le point culminant de la Hongrie étant de 1100 m
Mais lorsque nous arrivons près du vignoble de Tokaj, les constructions et une vie animée s’offrent à nous.
Un amphithéâtre du vignoble, imposant, majestueux domine la morne plaine.
Nous y sommes, le rêve atteint.

Le vignoble de Tokaj se situe dans le nord est de la Hongrie près de la frontière Slovaque.
Le vignoble s’étend sur environ 6000 Ha.
Encépagement :
–    70 % de Furmint
–    20 % de Harslevelu
–    10 % de Muscat à petits grains appelé localement sárgamuskotály.

Nommé d’après le village de Tokaj plus au moins au centre de cette région, le vignoble de Tokaj s’étend sur quatre-vingt-sept kilomètres de long et trois à quatre kilomètres de large, entre les rivières Tisza et Bodrog, ces rivières ont pour vocation de créer les conditions climatiques favorables au développement du Botrytis.
Un classement des parcelles existe depuis 1772 qui hiérarchise les parcelles comme 1er, 2eme et 3eme cru en fonction de leur potentiel de botrytis.

Le sol de la région est essentiellement composé de Lœss.
Définition Wiki :
Le lœss typique est une roche meuble limoneuse, homogène, finement poreuse, de couleur jaunâtre à brunâtre, souvent calcaire (10 à 30 % de CaCO3). La composition granulométrique d’un lœss typique correspond à du sable fin pour 10 %, du limon pour 75 % (essentiellement du limon grossier) et 15 % d’argile. Les sables éoliens de couverture sont limono-sableux avec une dominante de sable fin

Types de vins :

Sec : 40 à 50 Hl par Ha
Late harvest : vins moelleux non Botrytisés
Szamorodni : min 10 g/L de résiduel, la grappe est ramassée entière, grains sains et Botrytisés. Il peut être doux ou sec et élevé en oxydatif.
Aszu : ramassé grain par grain, uniquement botrytisés.
L’unité de mesure en sucre se nomme le puttonyos : 1 puttonyos equivaut à 25 kg (contenance de la hotte traditionnelle de la région) de raisins passerillés mélangés à une base de 136 L de jus clair.
Précédemment cette unité allait de 3 à 6 Puttonyos, mais depuis 2014 tous les Tokaji Aszu doivent avoir au minimum 120 gr/L de sucre résiduel, il est donc conservé les mesures
5 et 6 Puttonyos ainsi que les essencia qui ne sont uniquement que des jus écoulés naturellement issu de la mise en cuve des raisins Aszu. Cette « liqueur » contient entre 400 et 800 g de sucres et ne pourra fermenter au delà de 3 à 5° d’alcool. Elle n’est pas rajoutée à la base de jus clair.

C’est au domaine Hétszolo, que nous sommes attendus. http://tokajhetszolo.com/fr

Propriété de Michel Reybier, également propriétaire du Château Marbuzet et Cos D’Estournel.

Le domaine Hétszolo est le plus vieux domaine hongrois.
Fondé en 1502, il possède le terrain le plus favorable et les meilleures vignes.
Crée par la Famille Garai, celle-ci a choisi les 7 meilleures parcelles de la région, d’où le nom Hétszolo qui signifie 7 parcelles de vignes en hongrois.
Le terroir qui s’étend sur 57 kilomètres, compte pas moins de 142 volcans et 72 types de sols différents, il est situé au confluent de 2 rivières, qui protègent les vignes du gel grâce à l’épaisse couverture de brume.
Le domaine Hétszolo possède 55 hectares, les  vendanges sont  manuelles selon le cahier des charges, et produit 10 h/l en liquoreux, et 50 en sec.
Les vignes du domaine date de 25 ans, car c’est en 1990/91qu’elles ont été replantées, suite aux arrachages dans les années 60 par le régime communiste.
Après la visite du chai, puis un petit tour dans les vignes, nous reprenons notre minibus pour rejoindre le caveau où nous attend le wine maker ainsi qu’une très belle dégustation de 7 vins autour d’une jolie collation.


Dégustation, diner et nuitée au domaine Angyal Borászat

Tokaji Furmint sec 2015 :
Nez fin et minéral aux notes fumés. Idéal avec un tartare de langoustines aux agrumes.

Tokaji Furmint sec Szaraz Uzenet 2015 10 Mois de fut :
Un vin puissant et complexe.
Parfait avec un Sandre rôti accompagné d’un beurre noisette et d’une touche de curcuma

Tokaji cuvée szaraz terremtes 2013 :
60% harslevelù, 30%Furmint, 10% Muscat
Nage de poisson blanc et crustacé nappé d’un velouté au curry jaune.

Tokaji Szamorodni Vonzas 2013 :
Un tokaji dans un registre original, élevé en oxydatif, aux notes de Cumin et de noix.
Un joli conté ou un poisson de rivière nappé d’une sauce aux morilles

Tokaji Szamorodni Edes 2013 :
Le même vin en version moelleux (60 gr de résiduel). Un vin tendre et délicat.
Associer sur un foie gras frais accompagné d’une marmelade au citron caviar.

Tokaji furmint Szepseg 2015 (78 Grs de résiduel) :
Le vin est doté d’une très belle texture pleine de charme.
Panacotta aux abricots et tilleul

Tokaji Aszu 2013 5 puttonyos :
Le vin est rond, tendre, presque fougueux. Les aromes confits de coing et d’abricots sont au rendez vous. Une tarte Tatin aux pommes et abricots.

Tokaji Aszu 2010 5 puttonyos :
Un vin tendre et frais, le moelleux est très présent mais la balance avec l’acidité le rend suave et aérien. Les aromes confits, une longueur correcte donne un Tokaji au style épuré et frais
Sabayon de fruits jaunes au Tokaji

Tokaji Eszencia 2005 :
La texture de ce vin est crémeuse, dense, et compacte. Il dégage une incroyable plénitude.
Seul ou avec un beau cigare Cohiba n°3. Un fauteuil club et du temps…

Mardi 22 novembre 2016

Départ du vignoble de Tokaj pour le vignoble d’Eger, 150 kms et 1h30 de bus les séparent.
En ce quatrième jour, toute l’équipe accuse le coup… Pauline regarde ses photos, René lit le journal, Christian et Cédric rigolent et d’autres admirent le paysage matinal hongrois, rural, monotone et brumeux.

Caractéristiques du vignoble d’Eger :

Situation : Nord Est de la Hongrie à 150 kms de Budapest.
Superficie : 5500 hectares.
Histoire : Depuis l’an 1000, la vigne est cultivée dans cette région. A l’origine, les hongrois vinifiaient dans des amphores enterrées et uniquement des vins blancs. Vers l’an 1500, les serbes apportent un cépage rouge, le Kadarka. D’autres cépages rouges suivront, ce qui a donné la tradition de l’assemblage.
Climat : Similaire à la Bourgogne, situé à la même latitude, à l’exception de la colline « Nagy-Eger-Hegy », microclimat similaire à la Sicile.
Sous sol : Volcanique, fines couches d’argile et tuffeau.
Cépages : 62 cépages différents (42 blancs, 20 rouges) en diminution.
Production : 50% blanc, 50% rouge.

Appellation :
Rouge 1996, Egri Bikaver (Sang de taureau) Min 50% cépages autochtones dont kekfrankos.    
Blanc 2010, Egri Csillag (étoile)  Min 4 cépages (min 50% hongrois, max 30% cep. Aromatique)

Classification : 
Elevage Barrique

Qualité Rendement Blanc Rouge
CLASSIC 100Hl/ha 0 6 mois
SUPERIOR 60Hl/ha 6 mois 12 mois
GRAN SUPERIOR 35Hl/ha 12 mois 16 mois

Cru :
Climat (ex : Nagy-Eged-Hegy)
Appellation communale (ex : Dùlo)
Appellation régionale (ex : Egri Bikaver)

Domaine Saint Andrea

www.standrea.com
Le domaine compte 45 ha, le sommelier de la maison nous explique l’importance du terroir et donc l’importance de ne pas céder à la mode des vins de cépages mais au contraire de révéler la quintessence du terroir en travaillant les assemblages de cépages autochtones.
Nous avons dégusté 8 vins de 7€ à 86€, 1 effervescent, 3 blancs et 4 rouges.

Coup de cœur :
Egri Csillag (blanc) Gran Superior 2015 Dùlo Boldogsagos.
Nez complexe, floral, fleurs blanches, abricot.
Bouche, attaque fraiche accompagnée d’une forte minéralité avec une finale légèrement épicée portée par de fins amers.
Avant de rejoindre le deuxième domaine, nous sommes allés sur les hauteurs du vignoble pour admirer l’un des trois meilleurs terroirs de Hongrie : la colline « Nagy-Eged-Hegy » qui produit de merveilleux  vins rouges.

Domaine Gal Tibor

www.galtibor.hu
Domaine crée en 1993 de 40 hectares, le fondateur a vinifié en Italie de 1989 à 1998 à Ornellaia, il s’est d’ailleurs associé avec la propriétaire de sassicaia et un américain pour la création du domaine. Aujourd’hui c’est le fils, Gal Tibor qui a repris le domaine suite au décès de son père.
Après une visite du chai nous avons dégusté 7 vins, de 6€ à 40€. 2 Blancs et 5 rouges, accompagnés de victuailles comme toujours en Hongrie !!! dont un délicieux goulash relevé au paprika.

Coup de cœur :
« titi » Egri Bikaver (rouge) classico 2012 assemblage de 5 cépages.
Nez cerise griotte et fruits croquants.
Bouche  attaque souple et gourmande avec des tannins fondus.

Domaine Juhasz

www.juhaszvin.hu
Arrivée à 17h, troisième domaine de la journée marathon.
Nous sommes accueillis par Adam > le fils du propriétaire, il nous présente avec un film en 3D son domaine de 300 ha qui produit 2 500 000 bouteilles dont 1 500 000 bouteilles de rosé (attention les provençaux les hongrois débarquent !!!)
Suit la dégustation de 13 vins ! 4 blancs, 1 rosé, 7 rouges et 1 liquoreux avec un rapport qualité prix remarquable, de 3 à 15 euros. Cerise sur le gâteau, un cabernet-sauvignon 2009 de sa cave personnelle, de toute beauté. Le tout accompagné bien sûr de spécialités hongroises.

Coup de cœur :
Kékfrankos, monocépage 2011. (Issu de vieilles vignes de 1968)
Nez : puissant avec des notes boisées et torréfiées.
Bouche : Concentré, on retrouve des arômes de cacao et d’épices avec des tanins soyeux et veloutés et une longueur en bouche remarquable.

Mercredi 23 novembre

Nous quittons au matin le charme suranné de Budapest direction le sud de la Hongrie à Szekszard.
Dans le bus, Fanny et Laszlo, nos talentueux, éclaireurs sommeliers nous accueillent avec de l’eau de vie de coing du nord du pays « Palinka » !
A Szekszard, la culture de la vigne s’étend sur 6000 hectares. Ici les  familles vigneronnes sont soudées et nous allons à la rencontre de < Duzsi Tamas, Elu   meilleur vigneron de la Hongrie en 2014.
Avant une petite pause s’impose au Kave Haza, l’institution locale du café pour déguster un excellent expresso agréablement persistant en bouche.
Nous arrivons dans le chai de Duzsi Tamas, vigneron depuis 1996. Un homme de la terre, authentique, qui sait faire parler son terroir. Il vinifie ses 60 hectares dont 1/3 en propriété, pour élaborer 500 000 cols par an dont 2/3 de rosé.

Son terroir est composé d’argile et de lœss jaune. Cette roche désagrégée confère légèreté et élégance au vin.
Les vins rouges et rosés sont élaborés à base de cépages autochtones et internationaux.
Duzsi Tamas, « roi du rosé » bichonne 9 cuvées !
Les raisins sont directement pressurés pour être vinifiés à basse température (8•C) dans des cuves en acier inoxydable avec des levures sélectionnées en Europe.
Les 3 à 4 mois d’élevage en cuve apportent du gras à cette belle gamme. D’ailleurs à l’aveugle, certains vins ont le profil de blancs élevés en fut de chêne.  

Duzsi Tamas et Laszlo Angerman

Cette bête de concours a remporté 31 médailles d’or à Cannes et a même envoyé ses cuvées au centre du rosé à Vidauban.
Le rouge quant à lui macère, fermente et est pigé en cuve ouverte avant d’être élevé un an en foudre de chêne de 1000 litres.
Nous dégustons 6 rouges dont un mono cépage Kekfrankos 2012 issu de 2 hectares de vignes âgées de 50 ans qui produisent un kilo de raisin par pied.
La robe est noire, le nez concentré de cassis laisse place à une attaque en bouche avec des notes de grenade. Les tannins sont souples, la finale suave.
Lien : duzsitamas.hu

Nous remercions chaleureusement notre hôte pour grimper dans le bus et faire une seconde halte café.

Direction le sud du pays dans la région de Villany dont le vignoble comprend 2500 hectares.
Nous arrivons à Csanyi Pinceszet où l’œnologue nous accueille et nous présente cette maison fondée en 1881 par un banquier, Monsieur Teleki.
Le domaine a été repris en 2002 par Borbolt.
Ici les 370 hectares de plants de vigne indigènes et internationaux donnent 2,2 millions de bouteilles par an.
Nous nous attablons pour déguster un rosé semi pétillant.  
Direction la cave, ancien sous sol de la banque de Monsieur Teleki qui a servi de bunker pendant la seconde guerre mondiale.
Un kilomètre de galerie est rempli de fûts et foudres en chêne notamment hongrois.

Place à la dégustation de 10 vins rouges qui sont plutôt linéaires malgré les différentes cuvées.
Nous goûtons entre autres la cuvée  EJ MILLÉSIME à base de cabernet franc, portugese, merlot et buberger, un croisement entre du kefrankos et du portugese, le tout élevé avec des copeaux de bois.
La robe est rubis, le nez joli, chocolaté. La bouche est suave avec une finale de truffe.
En visitant cette propriété nous remarquons que des milliers de bouteilles sont stockées dans des caisses en plastique car elles sont tout simplement consignées.  
Lien : csanyipinceszet.hu

Nous restons à Villany, région viticole depuis l’époque de l’empereur Probus pour aller à Gere chez Tamás és Zsolt.
Deux sœurs ont épousé deux cousins, nous sommes bien en présence d’un domaine familial !
Un des vignerons nous accueille dans son auberge où nous passerons notre dernière nuit en Hongrie. Son papa intervient pour remercier la culture viti-vinicole française qu’il qualifie de modèle pour son pays.
Cette famille est à la tête d’une centaine d’hectares repartie à Attila  et Gere pour élaborer du blanc, du rosé, du rouge et des bulles.

A Villany, il y a une classification des vins dont les rendements sont croissants :
–    Super premium : maximum de 35 hL/ha
–    Premium : maximum de 60 hL/ha
–    Classique : aux alentours de 100 hL/ha

Un logo en fleur de crocus garanti que le vin est produit dans la région de Villany.
Cette aire produit majoritairement du rouge mais chez Tamás és Zsolt le blanc est dominant.
À table nous dégustons 10 cuvées dont un Harsevelù 2012 de Siklós à l’est de Villany.
La bouche est dorée, le nez beurré. En bouche l’attaque est grasse, nous retrouvons des notes de beurre et de noisette pour terminer par une légère amertume apéritive en fin de bouche.
La fermentation alcoolique a lieu dans des fûts neufs de 500 litres de chauffe moyenne +.

La Hongrie a ses spécificités.
Nous remarquons à travers nos différentes visites que les gammes sont très larges.
Jusqu’à la chute du régime fasciste en 1989, il y avait un seul pressoir, soit un seul vin par commune.
Décomplexés, à partir des années 1990, ils sont passés « du coq à l’âne » en élaborant facilement une quinzaine de cuvées. Désormais, ils sont en phase de test pour éliminer plusieurs références et proposer une gamme plus restreinte.
Ici la chaîne d’embouteillage est rattachée à un seul lieu de production. Il n’existe pas de prestataire de service itinérant, c’est pourquoi Tamás és Zsolt met en bouteille un demi million de cols pour d’autres vignerons.

Lors de cette soirée, nous apprécions les différentes cuvées de la propriété autour d’un dîner mitonné au four : du porc et du poulet accompagnés de pommes de terre, paprika et choux, deux incontournables de la gastronomie hongroise.
Nous savourons des pâtisseries typiques : Rétes, Túró et Sa Molina avec un magnum des trois principaux cépages rouges bordelais millésime 2006.

Jeudi 24 novembre 2016 : vignoble du Lac Balaton

Départ de Villany à 8 h pour le vignoble du Lac Balaton (plus grand lac d’eau douce d’Europe), station balnéaire fortement prisée par les hongrois. Un trajet de 2 h 30 à travers la campagne hongroise.

Arrivée à la cave Garamvari (région viticole de Balatonboglari au sud) située sur une des 4 régions viticoles autour du Lac. Au nord, ils produisent les blancs et au sud, les rouges et les effervescents.

Sous-sol majoritaire de lœss, sablonneux et crayeux.

Caractéristiques du domaine

http://garamvariszolobirtok.hu/wp/en/winery/

82 ha repartis en 65 % de rouge et 35 % de blanc. Cave construite en 2009.
Utilisation de barriques en chênes provenant de France, de Hongrie et des États Unis avec une tendance à favoriser les 500 l au lieu des 225 l. Assemblage par rapport à la typicité des différents bois (grain serré pour la France, grain fin pour la Hongrie, grain expressif pour les USA).
Pour les vins mousseux élaborés selon la méthode traditionnelle, fermentation alcoolique en cuve inox et prise de mousse sur un autre site.

Dégustation des vins en parallèle avec les spécialités locales.

1 – Blanc 2016 brut de cuve – Lellei Isai Oliver : croisement de 2 cépages à maturité précoce (vendanges mi-août) – vin très aromatique avec une belle fraîcheur – à servir à l’apéritif ou avec des amuses bouches

2 – Blanc sauvignon 2015 avec label PDO (Protected Désignation d’ Origine) – 1er au concours des sauvignons – vin typé avec de la fraîcheur qui s’accommode avec le sandre du lac.

3 – Rosé 2016 brut de cuve – Lellei – assemblage de pinot noir, Syrah et cabernet franc – nez de grenadine avec de l’acidité. 4.80€ la bouteille.

4 – Rouge élaboré avec le kadarka avec de jeunes vignes –  vin à la robe rubis clair fortement apprécié aux États Unis. 5€

5 – Rouge 2012 Syrah – sélection faite selon les millésimes (2006 – 2009 – 2012 – 2015) avec un élevage en foudre de 25 hl – classification premium. 1er au concours des syrahs. 12€

6 – Rouge de 2009 – Esti Kek – assemblage de 65 % de cabernet sauvignon 30 % de merlot et 5 % de Syrah –

Les effervescents  

http://garamvariszolobirtok.hu/wp/en/vintage-selection/

7 – Vintage brut nature 2008 – assemblage de Chardonnay, pinot noir et pinot blanc – 17€

8 – Vintage prestige brut 2008 – dosage 7 g – 100 % pinot noir – 16€

9 – Évolution rosé 2008 – dosage 12 g – 100 % pinot noir – qualité premium – 13€

On quitte la cave pour une halte rapide à la station balnéaire Balatonlelle. Après 1 h 30 d’autoroute, Laszlo nous convie dans son établissement étoilé Michelin (Tanti) à se partager des desserts spécialement concoctés pour nous. Le tout accompagné par un vin effervescent sabré devant nous et une infusion de cerise de café (Cascara de café). Quelle originalité.
Clap de fin…

Direction l’aéroport, les valises ventrues de bouteilles ramenées pour le souvenir et pour le partage.

Nous venons d’effectuer un magnifique voyage, découvert un pays attachant, riche, accueillant, fier.
Merci à Stéphane de l’avoir brillement organisé, merci à Ester notre traductrice patiente et parfaite.
 Un immense  merci à nos amis Fanny, Gabor, Istvan, Laszlo, et notre chauffer Norby, sans eux la Hongrie aurait gardé des secrets, qu’ils nous ont dévoilés. Nous avons rencontrés des vignerons passionnés, qui élaborent de grands vins.
Une seule envie : revenir.

Collégiale ASAMP

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