Histoire du vignoble

Un paysage particulièrement varié, balayé par le mistral, un climat ensoleillé, chaud et sec, tant de variantes qui confèrent à la Provence son caractère si particulier et des vins uniques au monde.Pour connaître ses vins, il faut connaître la Provence dans son intégralité.

LA GÉOGRAPHIE

Entre la Méditerranée et les Alpes, le vignoble provençal s’étend d’Ouest en Est sur près de 200 kms principalement dans les départements du Var et des Bouches-du-Rhône et, dans une moindre mesure, dans les Alpes-Maritimes.

Dans ce vignoble : trois appellations majeures (représentant 95% du volume des vins d’appellations d’origine de la Provence) : l’appellation Côtes de Provence et les dénominations de terroir Côtes de Provence Sainte-Victoire, Côtes de Provence Fréjus et Côtes de Provence La Londe, l’appellation Coteaux d’Aix-en-Provenceet l’appellation Coteaux Varois en Provence.

600 producteurs (540 caves particulières et 60 caves coopératives) et 72 sociétés de négoce y produisent chaque année environ 162 millions de bouteilles (88% en rosé, 9% en rouge et 3% en blanc) sur une superficie totale de 27 000 hectares.

La Provence représente 6% de la production française d’AOC, toute couleur confondue.

La Provence est la 1ère région en France productrice de vins rosés AOC avec 38% de la production nationale, elle fournit environ 8% des rosés du monde.

Spécialiste historique des rosés limpides, fruités et généreux, le vignoble provençal n’en produit pas moins des rouges remarquables, puissants et charpentés pouvant vieillir plusieurs années en cave et des blancs aériens, tendres et délicats

L’HISTOIRE

Un vignoble vieux de 26 siècles

« La Provence demeure le tout premier vignoble de France »

Lorsqu’on savoure un vin de Provence, c’est un peu d’histoire que l’on déguste. Une histoire qui a débuté il y a 2 600 ans, quand les Phocéens fondent Marseille et introduisent pour la première fois en France, une fabuleuse plante : la vigne. Depuis, l’art de sa culture et la tradition viticole ont fait du chemin. Toutefois, historiquement, la Provence demeure le tout premier vignoble de France.

Les origines de la vigne en Provence

A partir du IIe siècle avant J-C, les Romains s’installent sur les terres ligures colonisées quatre siècles plus tôt par les Phocéens.

Ils développent la culture de la vigne et organisent la Provincia Romana : la Provence.

C’est l’époque de la fondation du port militaire de Fréjus, Forum Julii et de la ville d’Aquae Sextiae, Aix-en-Provence. Puis Rome étend son empire et la vigne se glisse dans les pas des conquérants. C’est ainsi que le vignoble se fixe progressivement dans d’autres régions gauloises : Vallée du Rhône, Beaujolais, Bourgogne, Gascogne et Bordelais.

L’influence des moines et des nobles

Après la chute de l’Empire Romain, il faudra attendre le Haut Moyen Age pour voir la vigne se développer à nouveau en Provence, sous l’influence cette fois des grands ordres monastiques. Du Ve siècle au XIIe siècle, les abbayes de Saint-Victor à Marseille, Saint-Honorat sur Iles de Lérins, au large de Cannes, Saint-Pons à Nice et du Thoronet produisent du vin qui n’est pas uniquement destiné à la consommation des moines ou à l’élaboration de vin de messe. Soigneusement commercialisé, il contribue notablement aux revenus des établissements monastiques. A partir de XIVe siècle, les grandes familles nobles, les notables du royaume puis les grands officiers de l’armée royale vont acquérir et gérer de nombreux vignobles provençaux et construire les fondations de la Provence viticole moderne.  

La crise du phylloxera

Bien que touchée plus tardivement que les autres vignobles français, la Provence est atteinte, à partir de 1880, par le phylloxera vastatrix. Cet insecte, originaire de l’est des Etats-Unis, parasite des racines de la vigne, détruisit presque la totalité du vignoble provençal. Le greffage des plants français sur des plants américains résistants au phylloxera apporta la solution technique à la crise et permit de reconstruire le vignoble. Au prix de gros efforts techniques et financiers, le monde viticole provençal se rétablit peu à peu. 

Les bases de la viticulture moderne

Au tout début du XXe siècle, de nouvelles difficultés, liées à la surproduction, apparaissent. C’est à cette époque que de nombreux viticulteurs sentirent la nécessité de se grouper pour mieux faire face aux difficultés. Le mouvement coopératif était né. En 1935, l’Institut National des Appellations d’Origine (INAO) est créé. Il reçoit pour mission la définition et la fixation par décret du terroir et des conditions de production de chaque appellation d’origine. Pour préserver et renforcer l’identité de leurs vins, les viticulteurs provençaux, forts de leurs 2 600 ans d’histoire, commencent alors la longue marche vers l’Appellation d’Origine Contrôlée.

LE TERROIR

Un relief particulièrement diversifié

Deux grands ensembles géologiques, l’un cristallin et l’autre calcaire, coexistent en Provence. Toute la zone ouest et nord du vignoble provençal est constituée d’une alternance de collines et de barres calcaires sculptées par l’érosion. On y trouve des sites remarquables tels la montagne Sainte-Victoire, le massif de la Sainte-Baume ou encore les Gorges du Verdon. Plus à l’Est, face à la mer, affleurent les massifs cristallins des Maures et du Tanneron. Les paysages, très différents des précédents, sont composés de collines et de petites montagnes aux courbes plus douces, couvertes de végétation arbustive et de forêts. En continuant vers l’Est, entre Saint-Tropez et Cannes, cet ensemble cristallin est troué de traînées éruptives aux roches souvent étonnantes comme les porphyres colorés du massif volcanique de l’Estérel. 

Des sols généralement pauvres et bien drainés

A ces deux ensembles géologiques, calcaire et cristallin, correspondent deux formations végétales caractéristiques de la zone méditerranéenne : la garrigue sur sol calcaire et le maquis sur sol cristallin. Aucun de ces deux types de végétation ne peut constituer d’importants apports en humus. En règle générale, les sols de la Provence viticole sont donc pauvres, bien drainés mais souvent sensibles à l’érosion. Ces terrains peu profonds, sans excès d’humidité, conviennent parfaitement à la plante méditerranéenne qu’est la vigne.  

Un climat méditerranéen, ensoleillé, chaud et sec

L’ensoleillement est la première caractéristique du climat provençal avec 2700 à 2900 heures par an. Les températures sont particulièrement élevées en été, mais la diversité du relief ménage souvent à peu de distance, des différences importantes. Comme toute zone méditerranéenne, la Provence reçoit ses précipitations, parfois violentes, en automne et au printemps. Les étés sont secs et chauds, parfois brûlants dans l’intérieur, lors des journées sans vent.  

Le Mistral, un vent violent mais bénéfique à la vigne

Les vents sont nombreux en Provence et font partie intégrante du climat de la région. Le plus fort et le plus connu est bien entendu le Mistral. Glacial en hiver après avoir glissé sur les neiges alpines, il apporte en été une certaine fraîcheur. Violent et capricieux, le Mistral n’en possède pas moins une qualité remarquable pour le vignoble provençal : vent très sec, il protège la vigne des attaques des maladies liées à l’humidité.

LES CÉPAGES

Une palette de cépages variés

En Provence, à la variété du relief et du climat correspond une large palette de cépages. Plus d’une douzaine entrent régulièrement dans l’élaboration des vins d’appellations d’origine de la Provence. Certains d’entre eux constituent une base que l’on retrouve dans la majorité des vignobles de la région, alors que d’autres sont plus spécifiques à certaines appellations.


Les cépages « rouges et rosés »

LA SYRAH

Ses petites baies noires aux reflets bleutés donnent des vins solides et colorés, rudes les premières années car riches en tanins, mais particulièrement aptes à un vieillissement prolongé. Avec les années, son évolution apporte au vin des notes caractéristiques de vanille, de havane et de fruits rouges confits.  

LE GRENACHE

Ce cépage originaire d’Espagne, très employé dans les Coteaux d’Aix-en-Provence, donne aux vins jeunes des arômes élégants de petits fruits rouges, puis, avec l’âge, il évolue vers des notes plus épicées et animales. Il apporte alors au vin du gras, de l’ampleur et de la puissance.  

LE CINSAULT

Goûteux et d’un bel aspect, ce cépage d’origine provençale a longtemps été utilisé comme raisin de table. Largement utilisé en Provence pour l’élaboration des vins rosés, il apporte au vin fraîcheur, finesse et fruité, nuançant la puissance d’autres cépages.  

LE TIBOUREN

Cet authentique provençal, délicat et élégant, offre aux rosés la finesse de ses arômes et la richesse de son bouquet. Il est le partenaire privilégié des autres cépages provençaux.  

LE MOURVÈDRE

Ses petits grains serrés préfèrent les terroirs chauds et calcaires. Ce cépage à maturation lente – qui aime regarder la mer pour mûrir convenablement – donne des vins charpentés aux tanins fins et bien affirmés exprimant dans leur jeunesse des arômes de violette et de mûre. Son velouté et sa souplesse, accompagnés de notes caractéristiques d’épices, de poivre et de cannelle, se révèlent après plusieurs années de vieillissement en cave.  

LE CARIGNAN

Adapté aux sols pauvres, ce cépage fort répandu en Provence par le passé tend à se faire plus discret. Cultivé en coteaux avec de faibles rendements, il donne des vins charpentés, généreux et colorés qui constituent une excellente base d’assemblage.  

LE CABERNET SAUVIGNON

Peu répandu en Provence, il apporte au vin une charpente tannique, puissante et douce à la fois, qui facilite le vieillissement : son nez caractéristique de poivron vert et de cassis le distingue des autres cépages.  


Les cépages « blancs »

LE ROLLE (ou VERMENTINO, variété très proche)

Cépage d’origine ligure, cultivé depuis toujours en Provence, il est à la fois robuste et d’une très grande qualité gustative. Il donne des vins aux parfums d’agrumes et de poire, gras et équilibrés, d’une grande finesse de corps et d’arômes.  

L’UGNI BLANC

Ce cépage d’origine toscane, aux baies rondes et juteuses, permet d’obtenir un vin clair et fruité, d’une grande finesse.  

LA CLAIRETTE

Ce très ancien cépage de Provence produit peu mais ses grains oblongs offrent des vins aromatiques et bouquetés aux notes de fruits à chair blanche.  

LE SÉMILLON

C’est un cépage vigoureux, productif, mais craignant la pourriture. Utilisé en faible proportion, il apporte au vin de la puissance aromatique, du gras, de la rondeur et une belle élégance avec des nuances de fleurs blanches et de miel.  

LE BOURBOULENC BLANC OU DOILLON

Ce cépage tardif, très rustique et robuste, reste discret en Provence. Il apporte aux vins une touche de finesse et de rondeur

LES CYCLES ET TRAVAUX DE LA VIGNE

Cycle de la vigne, au fil des saisons :

HIVER

De novembre à février, la vigne entre dans une période de sommeil appelée le repos hivernal. La sève ne circule plus dans la plante. Le viticulteur taille la vigne, afin de supprimer les sarments, sélectionner les bourgeons qui donneront des pousses et les fruits l’année suivante.

C’est la période du travail du sol. Les vignerons pratiquent des labours qui permettent l’ameublissement du sol et son aération. Les eaux de pluies pénètrent alors mieux. C’est également la période d’enfouissement des engrais et des matières organiques.

PRINTEMPS

En mars/avril, c’est le débourrement : les bourgeons commencent à se développer. C’est la période de croissance des rameaux et des feuilles. La vigne se réveille ; la sève circule à nouveau dans la plante. En mai/juin, c’est la floraison avec l’apparition de petites fleurs. C’est la période des « opérations en vert » pour l’entretien du vignoble. Les vignerons pratiquent le rognage et l’écimage (opérations qui consistent à supprimer l’extrémité des rameaux en croissance des entre-coeurs (rameau de vigne secondaire) ainsi que l’épamprage et l’ébourgeonnage (opérations qui consistent à supprimer la végétation « inutile » comme les gourmands qui sont des rameaux qui poussent sur le tronc). C’est également la période de plantations des nouvelles vignes.

ÉTÉ

En juillet, le feuillage continue à se développer et les fleurs vont donner des grains de raisins : c’est la nouaison. En août, c’est la véraison : les raisins verts grossissent et mûrissent, ils se colorent soit en rouge, soit en jaune, deviennent moins acides et s’enrichissent en sucres et arôme. Les vignerons peuvent pratiquer l’effeuillage des vignes pour améliorer l’exposition et l’aération des grappes ainsi que l’état sanitaire des Vignes. C’est également la période où a lieu l’éclaircissage des grappes. Cette opération consiste à supprimer des grappes (ou des parties de grappes) en croissance sur les vignes qui ont une charge de raisin trop importante.

AUTOMNE

En septembre/octobre, c’est l’époque des vendanges. Les raisins sont récoltés soit manuellement, soit mécaniquement avec une machine à vendanger. En fin de saison, les feuilles tombent.

Un paysage particulièrement varié, balayé par le mistral, un climat ensoleillé, chaud et sec, tant de variantes qui confèrent à la Provence son caractère si particulier et des vins uniques au monde. Pour connaître ses vins, il faut connaître la Provence dans son intégralité.