Traditionnellement l’Association des vignerons de Bandol invite les Sommeliers des trois associations de PACA à découvrir le nouveau millésime en préambule de la Fête du millésime de décembre.
C’est donc le 21 octobre que nous avons été conviés par les vignerons de Bandol. Cette date choisie en fonction des calendriers des Sommeliers, ajoutée au retard des vendanges de l’année, a quelque peu perturbé le programme.
Il ne faut pas oublier que la Nature a toujours raison, la preuve en est faite cette année encore s’il en était besoin.
Les caprices d’un printemps pluvieux, le manque de chaleur, une fin d’été qui n’a pas permis la maturation nécessaire aux raisins : et voilà les vendanges retardées !
Depuis des années, les vendanges n’ont eu de cesse de démarrer de plus en plus tôt. Mais était-ce un bien ? Je pense que l’on revient juste à la normale, ce qui est sans doute rassurant.
Donc, ce 21 octobre, il ne fut pas possible aux vignerons de nous faire déguster le millésime 2013 !
Patricia et son équipe, qui ne sont pas à court d’idée, ont donc transformé cette journée, en visite du vignoble.
Quelle bonne idée, le soleil magnifique de cette journée automnale, avec des couleurs magnifiques, était un présage de réussite. Les vignerons nombreux nous ont emmenés en petit groupe sur leur terre.
C’est toujours important de visualiser les lieux de production, chaque vigneron ayant une philosophie qui lui est propre.
Les élèves de la mention complémentaire en sommellerie du lycée Bonneveine de Marseille ont eu des travaux pratiques des plus percutants, avec les explications des propriétaires.
Le midi sur la terrasse de la maison des vins de Bandol au Castellet, c’est autour d’un buffet réparateur, auquel tous ont fait honneur, le tout accompagné d’une verticale du millésime 2003.
Nous attendrons donc la fête du millésime dimanche 1er décembre pour goûter enfin le millésime 2013.
Merci à Patricia et son équipe, merci aux vignerons toujours présents à nos côtés.
GM
Le Millésime 2013
vu par les vignerons de Bandol
Depuis quelques années, sous l’effet d’une climatologie réchauffée, les vendanges occasionnaient les premiers coups de sécateurs dès la mi-août pour les parcelles les mieux exposées et pour les cépages les plus précoces.
En 2013, on fait un retour en arrière, revenus presque « comme avant quand les vendanges débutaient à la mi-septembre ».
La faute à un printemps froid et bien arrosé.
L’hiver 2012/2013 a été long et n’a pas été réchauffé par le printemps du calendrier : encore du froid et de la pluie : ce qui était bénéfique aux nappes phréatiques l’était beaucoup moins pour les fruits, mauvais temps à la fleur, maturité hétérogène sur les grappes,…
Globalement les vendanges en pointillé ont commencé autour des 4 et 5 septembre ; en pointillé c’est-à-dire pour les précoces sauvignon blancs, et pour les grenache destinés au rosé. Donc quelques parcelles, à la faveur de la fraîcheur matinale.
Et puis on a attendu que les maturités se précisent un peu.
Pour beaucoup, le début des vendanges c’était pour la deuxième semaine de septembre. Là il a fallu compter avec la pluie du samedi 7 et celle du dimanche 15 septembre. 40 mm par ci, 130 mm par là, il a fallu attendre que les sols sèchent tout comme les baies d’ailleurs. Pas de quoi se reposer et laisser les tracteurs à la remise, les terrains et chemins très sérieusement ravinés par les pluies avaient grand besoin d’intervention. Puis il y a eu le week-end des 21 et 22 septembre, exceptionnellement sec et le cycle infernal des week-end pluvieux a repris son cours.
Le temps que les effets des fortes pluies se fassent oublier, on constatait le bénéfice sur les baies qui ainsi se gonflaient et laissaient augurer plus de jus. La pluie a heureusement débloqué la physiologie des plantes et accéléré les maturations qui se faisaient attendre. Comme il est de coutume chez nous, après la pluie, le mistral et son effet favorable pour sécher les vignes et empêcher les maladies de prendre. Quant aux grains dont la peau était épaisse et parfaitement saine, ils n’ont pas été affectés ; l’état sanitaire du vignoble restait parfait.
Incontestablement, les grenache étaient de belle qualité, avec un degré satisfaisant et un bel équilibre alcool-acide.
Les cinsaults étaient tardifs mais ils ont vite évolué avec la pluie et il a fallu les vendanger rapidement, contre toute attente.
Pour ce qui est du mourvèdre, bien évidemment, on lui a laissé le temps ; d’ailleurs c’est toujours lui qui termine les vendanges en Bandol. Cette année, pas avant octobre. Aujourd’hui, le mourvèdre est en grande partie dans les caves mais pas tout ; il reste encore plusieurs jours de vendanges à faire, sous le soleil, espérons-le.
Comment qualifier ces vendanges 2013 ? Très compliquées, ce sont certainement les maturités les plus longues à aller chercher depuis plus de 10 ans !
D’évidence, ce sont des vendanges de vignerons, un vrai défi pour les passionnés qui connaissent par cœur leurs parcelles et qui ont pu exprimer vraiment leur talent. Rien n’a été simple cette année, chaque journée comportait sa prise de risque. D’habitude on court après les maturités, là on les a attendues et elles ont dicté leur loi, imposant la vendange de telle ou telle parcelle, la décalant, inversant l’ordre. On dit généralement du Mourvèdre qu’il est difficile mais que dire alors du capricieux cinsault 2013 ?
Pour l’instant tout n’est pas rentré, mais une certitude, la matière est belle : belle qualité, degrés satisfaisants, bel équilibre acide/alcool et des jus dotés d’une belle expression aromatique, avec de belles notes de fruits rouges plus que de thiols.
A bien y regarder, chaque parcelle de l’Appellation recélait tous les facteurs favorables à un beau millésime mais il fallait aller les chercher, attendre, décaler, se précipiter, faire des paris sur le temps du lendemain et son effet sur le raisin
Bref, un millésime de haute voltige
qui ne se conçoit qu’avec le goût de la vigne
et une parfaite connaissance de ses parcelles.
Pour ce qui est du rendement, au niveau national chaque estimation est à la baisse ; la dernière se fixe sur 44,1 millions d’hectolitres alors qu’au mois d’août on l’imaginait à 45,8 millions d’hectos. Ce qu’elle sera en Bandol ? trop tôt pour le dire car il y a beaucoup d’hétérogénéité avec les distingo classiques : récolte avant la pluie ou après.
Les vignerons de Bandol
Sur le Web : http://www.vinsdebandol.com/
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