Chaque année en janvier, les cuvées des domaines de l’AOC locale doivent se soumettre au « contrôle interne » d’un panel de dégustateurs qui évalue si leur absence de défauts et leur typicité les rend dignes du vénérable label AOC qui participe depuis 1936 à la renommée du village.
Depuis la réforme des AOC il y a six ans, la conformité aux normes de l’Institut national de l’origine et de la qualité est assurée par un double contrôle, interne d’abord (de la culture de la vigne à l’élaboration du vin), confiés à Olivier Colombano, un technicien qui assiste les vignerons dans la mise en œuvre du plan de suivi établi par leur syndicat, externe ensuite par des organismes indépendants.
« En 2013, a indiqué Olivier Santini, le président du Syndicat de défense et de gestion de l’AOC cassis, en ouvrant le 23 janvier au Centre culturel de Cassis en présence du maire, la dégustation de contrôle, la superficie exploitée s’élève à 210 ha (dont 195 ha en production), pour une production de 7 700 hl, composée à 67% de blanc – le produit-phare de l’AOC – à 30% de rosé et à 2,5% de rouge, avec un rendement moyen de 39,5 hl/ha. Sur un plan général, le millésime 2013 est plus tardif d’environ deux semaines par rapport aux dix dernières années: les échantillons que nous allons déguster sont donc moins ouverts et pas encore prêts pour la commercialisation. Les pluies très abondantes du printemps nous ont mis une pression mildiou plus forte, mais grâce à un bel été, la vigne est arrivée aux vendanges dans un très bel état sanitaire.«
Répartis en cinq tables présidées par un œnologue ou un sommelier, quarante dégustateurs appartenant à la filière du vin et quelques grands amateurs ont eu à noter 91 échantillons anonymes des trois couleurs (55 blancs, 31 rosés et 5 rouges). Une note qui décide de l’agrément à l’appellation.
De l’avis général, le millésime 2013 s’inscrit comme un cru très honorable et les vignerons s’en sont bien sortis par rapport à une climatologie plutôt compliquée (voir encadré). Les blancs se signalent par une belle homogénéité d’ensemble, sans anomalie, des arômes bien exprimés, une typicité affirmée, ce qu’il faut de gras, de minéralité, de sucrosité et un peu plus d’acidité, ce qui leur assurera une meilleure garde. Certains échantillons manquent toutefois « d’un peu de chair et de terroir, voire d’arômes et de puissance ». Plutôt hétérogènes, les rosés sont assez satisfaisants, bien faits, mais n’expriment pas vraiment la typicité Cassis. Fruités, les rouges, expriment bien la minéralité de Cassis. « Cassis, ont conclu les dégustateurs, doit continuer à privilégier les blancs, car c’est en eux que le terroir trouve toute son expression.«
« À la demande des vignerons, la fête du vin se fera désormais à la mi-mai afin de ne pas gêner les vendanges« , a annoncé Danielle Milon. « Je vous remercie pour votre écoute et c’est donc le dimanche 18 mai que nous présenterons le millésime 2013« , a conclu le président des vignerons.
Claude RIVIÈRE (publié dans La Provence du 29 janvier 2014)
[LÉGENDE-PHOTO]: Jeudi, une quarantaine de dégustateurs ont testé le millésime 2013 lors du « contrôle interne ». /Photo C.R.
LE CLIMAT DU MILLÉSIME
« 2013 a bénéficié d’un climat frais et pluvieux, excepté l’été, peu pluvieux et fortement ensoleillé, a expliqué Jean-Pierre Ramel, du Centre d’information régional agrométéorologique de Carpentras. On notera que le soleil a brillé plus que de coutume mais qu’aucun excès thermique ou pluviométrique n’a marqué l’année. Par contre, la variabilité climatique a été remarquable avec une succession de semaines anormalement froides ou chaudes par rapport aux normales saisonnières.«
Côté température, 2013 est avec une moyenne de 15°C déficitaire de 0,2°C, ce qui en fait la 2e année la plus fraîche (après 2010) depuis 2000: c’est la période janvier-juin qui a le plus contribué à ce déficit thermique. Côté ensoleillement, on note avec 2 945 heures de soleil un excédent de 4% par rapport à la normale. Côté pluie, le cumul de 729 mm est excédentaire de 10%, principalement de mars à mai et en décembre. Au regard du millésime (octobre 2012 à septembre 2013), l’excédent est de 8% avec des pluies en octobre-novembre 2012 très supérieures à la normale (+108 mm) et en mars-avril-mai 2013 (+95 mm). Tout cela ayant pour conséquence un retard végétatif avec des vendanges tardives, mais sans stress hydrique pour la vigne, préservant ainsi le rendement.
C.R.
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