Lundi 19 septembre, Régine Sumeire nous a ouvert son Domaine Château la Tour l’Evêque et Château La Tour Sainte-Anne à Pierrefeu du Var. La période des vendanges est bien avancée, l’ASAMP reprend son rythme, ainsi va la vigne, ainsi va le vin !
Régine Sumeire est à la tête de 89 hectares répartis dans ces différentes propriétés de Gassin et de Pierrefeu-du-Var, acquises en 1977, qu’elle dirige avec maestria, aidée de son équipe.
Et lorsque Régine reçoit, elle nous ouvre le livre des souvenirs de toute une famille de vignerons passionnés. Régine est au service de la vigne, de son vin, de dame Nature. « L’élaboration d’un vin se fait à la vigne », c’est ce que Régine Sumeire nous a dit et répéte à l’envi, en ce lundi 19 septembre.
Animée par un profond désir du respect de son terroir et de l’environnement, elle n’a pas attendu la mode bio, elle y adhère depuis toujours ; pour elle c’est une évidence. Dans le suivi du cycle végétatif et de la maturité, pas de désherbant : seuls les engrais naturels sont utilisés.
Les vendanges sont exclusivement manuelles. Les raisins sont transportés par camions frigo et sont déversés par gravité dans les 4 pressoirs hydrauliques. Ils ne subissent aucune blessure, aucune oxydation. Pour le millésime 2011, les vendanges, commencées le 22 août, débutent chaque matin dès 5 heures, « à la fraîche ».
Régine nous a fait visiter les nouveaux chais en construction, mais opérationnels pour ce dernier millésime, même si les travaux sont loin d’être terminés. D’ailleurs rien n’est jamais terminé à Château la Tour l’Evêque, sans cesse en amélioration et modernisation. Régine a une idée par jour… qu’elle dédie à son père Roger, qui l’a guidée vers ce destin. Pensez ! Trois générations propriétaires depuis 1933… des décennies de travaux !
Depuis des années, Régine rêvait d’un rosé très pâle, différent de ce que l’on trouvait en Provence traditionnellement, et très à la mode aujourd’hui.
Mais ce n’est qu’en 1985, à la suite d’un conseil de Jean-Bernard Delmas, propriétaire de Château Haut-Brion, que Régine fit des essais. Elle élabore grâce au pressoir COQ, qui paraissait un peu démodé, un jus de grenache très clair mais aux étonnantes qualités gustatives. Le « pétale de rosé » était né.
Aujourd’hui Régine est sans doute la meilleure ambassadrice de son Pétale de Rosé. Elle parcourt le monde, du Canada qu’elle vénère aux USA jusqu’en Asie. Régine doit avoir un secret. Mais ne la couvrez pas de compliments, d’éloges, non ! Régine n’aime pas ça. Elle est restée modeste, associant chacun des ses collaborateurs à la réussite de tel ou tel millésime.
Nous avons goûté les jus en fermentation de différentes cuves, un exercice toujours un peu magique… Que deviendront ces jus ? Dans quel assemblage seront-ils mis en valeur ?
Cinsault – grenache jeune vigne avec ses arômes de petits fruits rouges et de fumé,
100% Syrah, le gras, la richesse, un panier de fruits très murs.
100% Rolle c’est le jus de poire qui nous explose en bouche.
100 % Syrah réservé à la cuvée noir et or, fleuron de la maison, avec ses notes de fruits noirs et violette.
Régine est une grande Dame du vin que nous remercions chaleureusement de nous avoir si bien reçus en cette journée ventée… mais ô combien lumineuse !
Nous remercions également Christian Scalisi, l’organisateur de cette journée.
Commentaires de dégustation
Pétale de Rose 2010
par Claire Santioni, Maître-Sommelier de l’UDSF
Un Vin de terroir avec pas moins de huit cépages : Cinsault, Grenache, Syrah, Mourvèdre Cabernet, Ugni, Sémillon et Rolle.
Une élégante robe Rose clair, cristalline.
On découvre un nez un peu fermé et timide, puis en bouche, s’expriment des notes délicates, de fruits exotiques et quelques fruits rouges d’été.
Une nuance d’Amande en rétro olfaction..
Il y a encore de la longueur on bouche, mais surtout, ce vin a gardé sa fraicheur, pour un millésime assez difficile pour certain Rosés.
Mlle Régine Sumeire fait des Vins représentatif de I’appellation avec cœur et respect de son terroir.
Commentaire du Blanc 2010
par Fréderic Hamel, Maître-Sommelier de l’UDSF
Robe d’un jaune pâle limpide aux légers reflets verts
Un premier nez sur des notes florales typiques de ce cépage
Le second s’ouvre sur du fruit blanc (pêche de vigne, poire) tout en restant aérien et frais
L’attaque en bouche est franche
On retrouve en milieu de bouche un joli fruit blanc, ample
Une finale tout en fraicheur de 5 à 6 caudalies
Accord : Un Loup au fenouil grillé sur son Tian de légumes à la provençale
Dégustation au Château La Tour l’Evêque
Robe d’un rouge profond et coloré, peu évolué signe de jeunesse et de fraîcheur.
Nez intense et concentré autour de notes fauves de syrah. On sent aussi la garrigue, les épices et les fruits rouges très murs en gelée.
Bouche à la fois puissante et soyeuse. On retrouve cette intensité, cette concentration, cette matière. Pour un vin de bientôt 6 ans, il présente une réelle fraîcheur qui tempère parfaitement sa chaleur et sa solidité.
L’accord avec le plat avait deux axes principaux : « Veau à la plancha et petit farci de courgette »
Les tanins serrés, solides mais tout en velouté convenaient bien au gras et à la tendresse de la tranche de veau à la plancha.
La fraîcheur du vin mettait en valeur le croquant de la courgette farcie cuite « al dente ».
Un vin bien fait à la fois solide et gourmand à servir vers 15/16 ° sur une cuisine provençale parfumée et de caractère.
DEGUSTATION CHATEAU TOUR DE L’EVEQUE
« CUVEE NOIR ET OR »,
Par Bruno Scavo, Maître-Sommelier de l’UDSF
Millésime 2006
Robe grenat pourpre sans aucune trace d’évolution.
Le nez charmeur exhale de typiques parfums méridionaux rappelant la garrigue, avec sa teinte prononcée de laurier, sa touche balsamique associée aux fruits noirs de cassis, de mûre sauvage.
La bouche révèle un ensemble suave et soyeux dans lequel se fond le fruit. Souple sans être léger, de bonne amplitude, escorté de tanins doux et enrobés, le vin exprime déjà du plaisir à être dégusté seul ou à table avec une épaule d’agneau confite aux aromates et son risotto de petit épeautre de la Haute Provence.
A boire ou attendre 3 à 4 ans, il devrait se garder 5 à 7 ans encore.
Millésime 2005
La robe grenat est moins profonde et plus vive que le 2006.
Le nez plaisant exprime un caractère ouvert où percent des fruits frais comme la cerise, le cassis, sous des notes tertiaires de champignon et d’humus.
La bouche montre un ensemble harmonieux, rafraîchissant par sa jolie texture fine et soyeuse, ses tanins fondus. A maturité aujourd’hui mais avec encore 3 à 5 ans devant lui, il accompagnera volontiers un pigeon cuit à basse température avec son jus et crumble de potimarrons
Millésime 2004
Robe jeune pourpre grenat.
Le nez évoque en partie le 2006 mais en plus extraverti. Laurier, balsamique, mure, touche boisée encore marquée livrent une composition assez riche.
La bouche imprime un tempo mur au caractère sudiste. Suave, presque velouté par la générosité de son fruit, sa structure révèle un millésime solaire. Les essences de la garrigue s’associent aux notes d’élevage encore présentes. Elles demandent encore 3 à 4 années de garde pour se fondre totalement, le temps devrait apporter la finesse classique de cette cuvée. 6 à 8 ans de garde prévisible.
A servir aujourd’hui sur des noisettes de marcassin aux airelles et mousse légère de pomme de terre parfumée à la réglisse.
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