Samedi 22 novembre, au matin de bonne heure, nous étions 17 à nous retrouver à l’aéroport de Marseille, pour monter dans l’avion HOP – et c’est parti !
Atterrissage à Strasbourg dans un brouillard épais : le vignoble d’Alsace ne se dévoilera pas à première vue. Et pour cause ! L’appellation Alsace, créée en 1962, qui couvre 15 500 hectares de vignes et produit 18% de la production française de vins blancs A.O.C. hors effervescents, s’inspire à la fois du concept français du terroir et du concept allemand des cépages – un peu comme la région elle-même, qui a conservé beaucoup de traditions germaniques tout en s’enrichissant de la culture française.
Notre première halte à Andlau, chez Rémy Gresser (domaine de 10,3 ha), nous plonge au cœur de cette crise d’identité viticole. Affable, volubile, notre hôte est une intarissable source de renseignements aussi utiles que fascinants. Selon lui, le vignoble alsacien est toujours en train de se chercher, doit mieux définir son identité. Il nous explique aussi que le fameux foie gras d’Alsace vient de l’Egypte et le Gewürztraminer aussi ! Il nous parle du château d’Andlau, construit en granite, un des rares châteaux médiévaux d’Alsace à avoir résisté au passage de siècles, les autres, en grès des Vosges, s’étant effondrés, nous raconte l’histoire du Tokai, de Jean-Louis Stoltz, ampélographe de renom né à Andlau…et ouvre 19 bouteilles pour la dégustation.
Un début de voyage éclatant !
NOTES DÉGUSTATION : Domaine Rémy Gresser
Travaillé en BIO et BIO DYNAMIE et réparti sur la commune d’ Andlau (schiste, sable, argile).
-5 lieudits : Brandhof(calcaire), Duttenberg (marne), Kritt (graves), St André (schiste de Villé), Clos de l’ Ourse (calcaire, schiste de Villé).
-3 Grands crus :Kastelberg (schiste de Steige), Wiebelsberg (grés des Vosges), Moenchberg (calcaire fossillé).
– Pinot blanc St André 2012, floral et gouleyant, vin de plaisir à l’apéritif ou entrées.
– Sylvaner Duttenberg 2013, notes fruitées et agrumes, sur coquillages, charcuterie.
– Riesling Kritt 2012, de la fraicheur et du fruit, belle tension et équilibre, à l’apéritif ou charcuterie alsacienne.
– Riesling Duttenberg 2013, plus complexe, salin et étiré sur notes agrumes, avec des huitres ou poisson grillé.
– Riesling Moenchberg GC 2008, pétrolé et fruits mûrs, ample et riche avec expression du terroir, vin à maturité sur volaille ou chapon.
– Riesling Wiebelsberg GC 2009, complexe avec belle minéralité, racée et délicat, de la longueur, sur poissons nobles cuisinés.
– Riesling Kastelberg GC 2009, minéral, fin et élégant, grand vin de terroir, complexe et long, pour grande cuisine, garde assurée.
– Riesling Wiebelsberg GC vieilles vignes 2000, belle évolution sur notes confites, fraicheur, minéralité, grand vin avec finale épurée, longue et persistante, sur langouste.
– Muscat d’Alsace Brandhof 2012, de la fraicheur, saveur fruitée avec finale sapide, apéritif, asperges.
– Pinot gris Brandhof 2013, fin sur fruits blancs et fleurs, chaleureux avec du volume, légère surmaturation, sur quenelle, poisson de lac.
– Pinot gris Wiebelsberg GC 2010, belle finesse sur fruits frais et épices, généreux et riche, long, parfait sur coquille st jacques cuisinées.
– Pinot gris Clos de l’Ourse 2005, finesse et complexité sur fruits mûrs et confits, truffe, cire, ample, équilibré, marqué par le terroir, très long. Grand vin sur canard laqué.
– Gewurztraminer Kritt 2013, fin et aromatique sur notes de rose, litchi, agréable avec une belle fraicheur, sur munster, tarte aux fruits.
– Gewurztraminer Duttenberg 2011, intense et épicé, notes florales, rond, gras avec une belle longueur sur pain d’épices, tarte aux quetsches.
– Gewurztraminer Andlau 1985, épicé, belles notes d’évolution, truffe, fumé, ample et typé, sur munster fermier, charcuterie fumée.
– Gewurztraminer Duttenberg vendanges tardives 2008, belle surmaturité, cire, miel, épices douces, matière avec fraicheur sur foie gras, pain d’épice à la cannelle.
– Riesling Kastelberg GC vendanges tardives 2000, fruits confits, miel, épices, puissant, avec fraicheur marquée par le terroir, très beau vin sur un foie gras poêlé.
– Riesling Kastelberg GC sélection de grains nobles 2006, épices douces, miel, coing, complexe sur minéralité et terroir, grand vin de dégustation sur foie gras d’oie cuit.
– Gewurztraminer Duttenberg sélection de grains nobles 2007, très complexe avec une belle attaque du botrytis, cire, oranges confites, longueur et superbe équilibre, grand vin de garde sur pâtisserie alsacienne.
Déjeuner dans un Winstub, ces bistrots à vin typiquement alsaciens, aux décors en bois et ambiance conviviale, en face du Kastelberg, un des 51 grands crus d’Alsace, une appellation datant de 1975, qui regroupe les meilleurs terroirs sur 47 communes, tous situés entre 200 et 430 mètres d’altitude. Généralement, les grands crus sont produits de 4 cépages « nobles » (Riesling, Muscat, Pinot Gris, Gewürztraminer), alors que l’appellation Alsace en compte 7 principaux (en ajoutant Sylvaner, Pinot Blanc et Pinot Noir).
L’après-midi, rencontre avec un jeune vigneron à Ribeauvillé : Domaine André Kietzler (13,5 ha). Thierry Kientzler, qui gère le vignoble avec son père et son frère, produit des vins sans concessions. Discours technique, travail méticuleux, vins…tendus ! Le Riesling y est roi. Thierry se souvient d’avoir dégusté des vins âgés de 70 ans chez son grand-père qui restent parmi les grands moments de sa vie. Il veut donc faire des vins « d’initiés », destinés à la garde (20 – 30 ans).
NOTES DÉGUSTATION : Domaine André Kientzler
– Chasselas 2012, de la fraicheur et du croquant, beau vin de soif.
– Muscat (100% ottonel) Kirchberg GC 2012, bel équilibre sur le fruit et la fraicheur,
A l’apéritif, ou avec des asperges
– Riesling réserve particulière 2012, typé avec belle fraicheur sur une truite aux amandes.
– Riesling Schoenenbourg GC 2013, sur notes iodées, agrumes, cire, riche et concentré, vin de garde, sur des huitres chaudes ou volaille.
– Riesling Kirchberg GC 2013, aromatique, tendu et cristallin, grande fraicheur sur des notes citronnées, vin de garde et gastronomie.
– Riesling Geisberg GC 2013, discret avec notes cire, miel, agrumes, attaque franche et ciselée, vin de garde et gastronomie.
– Riesling Geisberg GC 2011, minéral et floral, très épuré et racé, de la longueur, garde assurée, sur langouste ou homard.
– Riesling Geisberg GC 1990, notes pétrolée et cire, fraicheur, longueur et équilibre, très beau vin à maturité, sur volaille ou poisson cuisiné.
– Gewurztraminer 2012, aromatique, floral, belle typicité du cépage avec pointe d’amertume, sur un munster ou un désert.
Pinot gris réserve particulière 2013, sur notes de fruits exotiques et agrumes mûrs, bien équilibré sur coquilles st jacques poêlées.
– Gewurztraminer vendanges tardives 2011, épicé et aromatique avec notes de cire, fruits exotiques, écorce confite, généreux, sur foie gras cuit et désert.
Escale à Ribeauvillé, pour les uns visite de la ville et pour les autres, un petit tour à :
Distillerie artisanale Jean-Paul METTE
Située à Ribeauvillé, Philippe TABER, filleul de Jean-Paul METTE a repris la distillerie en1997, tout en appliquant la philosophie et les traditions de la maison Metté, qui produit aujourd’hui 87 eaux de vie ( EV) et 26 liqueurs (L) de hautes qualités.
Fruits, baies, racines, fleur, bourgeons et épices, matières premières du distillateur sont sélectionnées à la base avec le plus grand soin et respect afin d’optimiser le résultat final.
– EV baie de houx, arôme de baie, rond et ample, belle longueur.
– EV fleurs d’acacia, floral, subtil et fin avec sensation de douceur.
– EV fleurs de sureau, précis et élégant avec belle fin de bouche.
– EV marc de gewurztraminer, marqué cépage avec arôme de rose et litchi, fin et long.
– EV vieille prune, notes vanille et grillée, dense, belle acidité.
– EV prunelle sauvage, fin, délicat, arôme d’amande, vanillé, persistant.
– EV framboise sauvage, très flatteur, aromatique et complexe, dense avec beau moelleux.
– EV coing, sur fruit blanc et coing frais, délicat avec belle finale.
– L prunelles sauvage, notes de pâte d’amande et amande fraiche, léger moelleux, digeste.
– L mirabelles, notes fruit sec, noisette fraiche, bel équilibre sur la sucrosité.
Cette sélection nous a permis une approche diversifiée des nombreux produits distillés haut de gamme, de la distillerie JP Metté, avec notamment des eaux de vie d’une finesse précise et de grande pureté.
En fin de journée, arrivée à Kayserberg, où Albert Schweitzer est né. Dominé par deux montagnes, dont l’une est couronnée par les ruines du Château, dit Schlossberg, ce pittoresque village, enveloppé dans la brume, sera notre QG. Nous nous installons dans Les Remparts, hôtel propre et confortable, et partons à pied dans les ruelles silencieuses, ouatées, entre des maisons à colombages, aux toits pentus, illuminées et décorées comme un conte de Noël. Dîner au restaurant La Vieille Forge. Pour accompagner notre goûteuse volaille en sauce chardonnay Gisèle choisit, au pif, un Pinot Gris, grand cru Schlossberg (le premier grand cru d’Alsace) de la maison Stoll. Il se trouve que le vigneron lui-même, frère du maire d’Andlau, mange au restaurant ce soir et vient nous saluer. M. Stoll est un homme bien en chair, un jovial père Noël alsacien.
Retour à l’hôtel pour de beaux rêves de flutes alsaciens.
Dimanche, le 23 novembre
Ce matin la brume épaisse persiste et enveloppe les paysages d’un air de mystère. En émergent par moments des villages miniatures, sculptés en bois, des arbres enneigés (artificiellement), tout un décor féerique, à peine deviné.
A Ribeauvillé, cité des ménestrels ou ménétriers, Laurent Bott nous accueilleau Domaine Bott Frères (20 ha), un des plus anciennes domaines de la ville. Le caveau est aménagé avec goût et intelligence : cave ancienne, avec énormes foudres en chêne, mais aussi équipements à la pointe de la technologie pour la vinification et l’embouteillage, salle de dégustation bien équipée, boutique alléchante, galerie retraçant l’évolution du vignoble et de la famille Bott depuis 1835, avec exposition de vieux outils, arbre généalogique de la famille, schéma des différents types de sols.
NOTES DÉGUSTATION : Domaine Bott Frères
Crémant brut QV Paul
Nez agréable et discret de pomme
Attaque en bouche fraîche et fruité avec des notes de pommes cuites
Crémant brut rosé 100% pinot noir
Jolie robe couleur saumon
Nez délicat de fruit confit : coing et cerise
Attaque en bouche franche et pleine avec des notes de petits fruits rouges, bonne teneur en sucre et présence en bouche
Crémant brut cuvée Nicole pinots blanc gris et noir
1er nez flatteur de fruit à chair blanche : pêche
Attaque en bouche fraîche, amertume en fin de bouche
Riesling 2011 réserve personnelle
Nez typé riesling avec des notes d’hydrocarbure, frais et agréable (10g/L sucre)
En bouche, bel équilibre fraîcheur / acidité, arôme légèrement beurré
Riesling Grand cru Kirchberg 2010
Nez marqué par des notes d’hydrocarbure, de fruits : coing et mirabelle
En bouche l’attaque est minérale, la fin marquée par des notes de torréfaction et de la fraîcheur
Riesling grand cru Ostberg 2011
Nez fin, pierreux, complexe, typé riesling
Belle attaque en bouche, vin qui tapisse le palais, notes épicées en fin de bouche, arôme de mangue et pointe citronnée
Riesling grand cru Ostberg 1994
Joli nez très jeune (pour son âge), on retrouve bien le riesling, avec un côté beurré, torréfié, des senteurs de fruit sec (noix), de pâte de coing et d’épice (safran)
En bouche l’attaque est pleine, les notes de noix sont discrètes
Beau vin
Riesling VT 2010
Joli nez de pâte de coing, de pâte feuilletée, fruité, liqueur de sureau
Attaque en bouche douce, finesse, arômes de coing et de mirabelle
Déjeuner raffiné au Relais des Ménétriers, avec un sandre en croûte délicat et un fondant au chocolat à se damner ! Le digestif se prend chez le généreux M. Bott, qui distille aussi des eaux de vie et des liqueurs de fruits.
En sortant, photo souvenir de deux gigantesques nid de cigognes, pesant chacun plus de 200 kilos, perchés aux sommets des toits pointus d’une grand bâtisse, avec deux cigognes pour compléter la scène !
Départ pour une visite touristique au-dessus les nuages. Aune altitude de 757 mètres, d’où il domine la plaine, l’immense Haut-Koenigsbourg est le château médiéval le plus visité de France et l’un des sites touristiques français les plus courus. Nous y montons en bus, à la rencontre du soleil cuivré d’un après-midi en novembre, qui illumine la forêt entourant le château-fort et la mer de nuages à ses pieds.
On parcourt le majestueux Koenigsbourg à pas de course, puisque Colmar et ses cinq marchés de Noël nous attendent. A l’entrée de la ville, une réplique de la statue de la Liberté nous salue. Elle a été installée en 2004, centenaire de la mort du sculpteur Bartholdi, natif de Colmar. L’ambiance dans les marchés de Noël est festive à souhait, le vin chaud et le pain d’épice chatouillent nos narines, mais la plupart des objets y vendus sont moins authentique et ‘fait main’ que les vins d’Alsace.
Dîner dans le Winstub Brenner, qui nous a fait apprécier d’autant plus le repas raffiné de midi. Leur ‘torche’ de marrons restera gravée dans nos mémoires !
Lundi 24 novembre :
La brume se lève enfin, dévoilant les coteaux plantés de vignes, un paysage souriant au soleil, revêtu des tons lumineux d’automne.
A Guebwiller, visite et dégustation dans les grandioses caves des Domaines Schlumberger (140 ha), vignoble familial du leader mondial des machines textile, qui appelle tous les superlatifs. Le plus gros producteur d’Alsace, la plus grosse cave en bois de la région – 120 foudres, dans lesquels ils fermentent tous leurs vins. Stephen Chaise nous ouvre grand les portes du saint des saints de cet adresse d’exception et nous fait goûter les fruits d’un travail millimétré, méticuleux, facilité par des moyens presque illimités et guidé par le goût de la perfection.
NOTES DÉGUSTATION : Domaines Schlumberger
Une histoire familiale que le Domaine Schlumberger puisque que nos hôtes représentent les 6ème et 7ème générations de la famille. Vignoble unique en Alsace de par ses coteaux en très forte pente, exposition parfaite, des terrasses soutenues par des murs en pierre sèche, et de magnifiques terroirs, dont la moitié a été classée en appellation Grand Cru.
La protection de l’environnement, qu’ils pratiquent à travers leur méthode de culture en lutte raisonnée, en biologie et en isodynamie, est également pour eux une obligation morale envers les générations futures.
Leur méthode de culture actuelle perpétue l’héritage du passé : taille courte, enherbement des rangs, travail du cheval afin de limiter le tassement des sols. Afin de réduire l’érosion naturelle des sols sablonneux, le vignoble est organisé en terrasses soutenues par d’imposants murs en bloc de pierres de taille.
Au Domaine Schlumberger, les rendements moyens sont très nettement inférieurs à ceux autorisés pour l’Appellation Alsace.
Dégustation dans une magnifique salle voutée, où nous sommes entourés de quelques belles bouteilles cachées, témoignage des décennies de savoir-faire…
Pinot Blanc Les Princes Abbés 2012 : 1er nez d’agrumes mais plutôt fermé, le 2eme nez sera plus floral. Une attaque fraîche, fluide, riche sur un bel équilibre. Des notes d’agrumes en retro olfaction.
Riesling Les Princes Abbés 2011 : sols marno-gréseux, gréseux et volcaniques. Un 1er nez de terroir, sur les agrumes au 2eme nez – droit en retro olfaction et franc sur les agrumes et une belle acidité
Riesling Grand Cru Saering 2009 : sols marno-calcaires et grès. Ici aussi le terroir se révèle au nez, puis le cépage. Nez plutôt discret sur les agrumes, une bouche ample et une belle longueur. Des notes de champignons en Retro olfaction.
Riesling Grand Cru Kitterlé 2008 : Sols volcanique et de grès. Notes grillées, minérales dues au caractère volcanique. Un nez franc, une attaque droite sur les agrumes et l’acidité du cépage.
Pinot Gris les Princes Abbés 2012 : un nez fleuri et de fleurs blanches, puis 2eme nez brioché, beurré. Une bouche fraîche et suave, c’est un vin gourmand et rond, l’acidité arrivant ensuite permettant un bel équilibre. Quel joli vin !
Pinot Gris Grand Cru Spiegel 2010 : sols marno-gréseux, en Biodynamie – 1er nez sur les fruits grillés et la noisette, l’amande. Le terroir se révèle au 2eme nez. Une bouche franche, fluide, ronde, sensuelle sur des notes fleuries et une certaine acidité qui permet d’avoir un vin équilibré.
Pinot Gris Grand Cru Kitterlé 2008 : terroir volcanique, de grès, plein sud- attaque très souple et ronde sur les fruits un peu compotés, une belle longueur sur le champignon, mais acidité présente qui permet un équilibre avec sa rondeur – sur un foie gras poêlé
Gewurztraminer Les Princes Abbés 2011: sol sableux marneux. Un 1er nez expressif et fleuri (la rose) , le 2eme nez sera plus sur l’agrume, une attaque très souple et ronde, gourmande. Un bel équilibre encore sur la rondeur et l’acidité.
Gewurztraminer Grand Cru Kessler 2008 : sol sableux, un nez plus expressif et croquant sur le coing et la rose, la pomme cuite et le litchi. Notes grillées au 2eme nez avec une attaque en bouche très suave et sensuelle. Belle présence et bel équilibre
Gewurztraminer Grand Cru Kitterlé 2006 : sol de grès et volcanique. Au 1er nez, le terroir se ressent, il a moins de rondeur que le précédent et l’attaque est plus directe, légèrementperlante. En retro olfaction le terroir se retrouve ainsi que des notes grillées.Une certaine amertume en fin de bouche.
Gewurztraminer Cuvée Christine 2008 VT : 1 er nez sur les épices et le pain d’épices, le miel, de la rose, de l’élégance, de la fraicheur pourtant et du moelleux…
Agréable déjeuner au bord d’un petit lac, au restaurant Les Terrasses, qui se termine avec une sempiternelle — mais délicieuse – crème brûlée, celle-ci au pain d’épices.
Kientzheim, notre prochaine destination, est une petite commune viticole par excellence. Elle abrite la tombe de Lazare de Schwendi, dont une légende dit qu’il avait rapporté le Pinot Gris de Hongrie, le musée du vignoble et des vins d’Alsace et la Confrérie Saint-Étienne, confrérie bachique créée au XVIe siècle.
Mais c’est le Domaine Weinbach-Faller qui nous intéresse, ses vins et sa propriétaire Catherine Faller, première vigneronne que nous rencontronsen Alsace. Elle nous accueille dans sa cave, qui appartient à sa famille depuis 1898, s’absente quelques minutes et revient avec un panier rempli de bouteilles.
NOTES DÉGUSTATION : Domaine Weinbach-Faller
Petite histoire du domaine
Vendu comme bien national à la Révolution Française, le Domaine est acquis en 1898 par les frères Faller qui le transmettent à leur fils et neveu Théo.
Grande figure du vignoble alsacien et ardent promoteur de sa reconnaissance en Appellation d’Origine Contrôlée, Théo Faller œuvre pour la qualité des vins d’Alsace et la mise en valeur de leurs incomparables terroirs et cépages. Amoureux de sa propriété, il la développe, l’agrandit et l’embellit.
Depuis 1979, son épouse Colette et ses filles Catherine et Laurence, font preuve de la même passion pour les grands vins d’Alsace et du même attachement sans faille à la qualité.
Le Clos des Capucins :
Terroir historique, le Clos des Capucins s’étend sur 5 hectares, protégés par les murs d’enceinte de l’ancien couvent des Capucins. Il est cité dès 890, année où l’impératrice Richarde en fit don à l’Abbaye d’Etival, qui à son tour en détacha une partie au profit des moines Capucins.
Au pied de la majestueuse colline du Schlossberg, dans un écrin de vignes et de roses, le Domaine Weinbach « ruisseau du vin », du nom du petit cours d’eau qui le traverse, fut édifié en 1612 par les moines Capucins.
En 1998, le Domaine Weinbach a commencé à pratiquer la biodynamie sur 8 hectares. La culture du reste des vignobles était basée sur des méthodes biologiques classiques. Depuis le millésime 2005, l’ensemble des vignobles (28 hectares) est travaillé en biodynamie.
Nous débutons la dégustation avec le Pinot blanc 2013, issus du clos, un terroir sablo limoneux et granitique. Très gourmand et d’une belle densité. Un vin assez long. Idéal pour l’apéritif.
Riesling GC Schlossberg 2013. Le domaine en possède 8 hectares. Sous-sol granitique. Un nez de pêche blanche et agrumes. Une finesse remarquable, un vin qui demande à s’ouvrir. Une fraîcheur cristalline, grande pureté. Un rendement de 24 hl. Beau potentiel de garde. De beaux accords avec des crustacés ou des fromages de chèvres frais.
Riesling GC Schlossberg Cuvée Ste Catherine 2005. Un nez légèrement brioché et pétrolé de type terroir qui part à l’aération pour laisser place à un beau nez floral. Un léger botrytis se fait ressentir, fine minéralité. Pourrais se marier avec des volailles rôties ou brochet au beurre blanc
Pinot gris Cuvée Sainte Catherine 2013. Assemblage de 3 terroirs : Vieille vigne du clos Schlossberg et Markrein (marno calcaire). Un nez fumée et très ananas, bouche sublime, pinot gris de gastronomie, belle fraicheur et équilibre stupéfiant.
Gewurztraminer 2013 Cuvée Théo, élaboré avec les vignes du Clos. Nez rose très prononcé et épicé. Aucune lourdeur, bonne digestibilité, litchi en bouche, lucum
Gewurztraminer Cuvée Laurence 2011, bas de l’Altenbourg avec un terroir marno calcaire. Très floral, bergamote, plus complexe que le précèdent. Pourrait se marier avec un magret de canard au miel ou un canard à l’orange. Une longueur plus que surprenante
Gewurztraminer 2011 vendanges tardives Mambourg. Avec 95 grammes de sucre dissimulé par une grande fraîcheur, ce nectar nous laisse en bouche de magnifique notes d’amertume subtile, et une élégance hors du commun. Accord avec de l’époisses ou un bleu
Gewurztraminer Altenbourg 2008 Sélection de Grains Nobles : Un nez qui fait penser à un jus de clémentine, citron yuzu, un côté rôti, confit, une bouche rappelant le poivre de Sichuan et l’orange confite. Un vin d’une jeunesse folle à qui on prédit un bel avenir
Suite à cette deuxième dégustation généreuse, les plus courageux d’entre nous ont enchainé avec une visite à la Cave de Ribeauvillé, fondé en 1985, sous le nom de Rappoltsweiler Winzerverein — pas facile à prononcer à ce stade de la journée !
Certaines dames de notre groupe ont préféré faire un tour à l’imprimerie sur étoffe de Ribeauvilléoù des nappes, serviettes et autres linges de table de grande qualité, à motifs alsaciens, sont fabriqués.
NOTES DÉGUSTATION : Cave de Ribeauvillé
Elle est la première cave coopérative de France créée en 1895. Elle s’étend sur 20 km et 235 hectares, récoltés en vendange manuelle uniquement. Cette cave travaille uniquement les raisins de ses adhérents. La cave utilise un pressoir pneumatique qui dure entre 4 et 6 h pour leur vin. Seule la première presse est conservée, la seconde et la troisième presse sont revendues. La cave évite les sucres résiduels pour garder le potentiel du vin, aucune levure ni enrichissement avec du sucre n’est utilisé. Tout est vinifié en cuves inox possédant chacune une « carte d’identité » pour la traçabilité. Chaque terroir est isolé pour valoriser les lieux dits. Le caveau produit également du vin bio et du vin casher.
Les vignerons ont aménagé une grande pièce dans laquelle ils ont créé un petit musée du vin en expliquant comment sont faites les récoltes avec les outils d’antan.
Un grand remerciement à Aurélien Gantzer pour cette belle visite, pour l’organisation de la dégustation et aussi pour ces 3 merveilleuses bouteilles que nous avons pu déguster tous ensemble qui étaient :
1 magnum de gewurztraminer grand cru Gloeckerberg 2010
1 bouteille du clos de Zahnaker 2010
1 pinot noir grande cuvée 2012
Muscat d’Alsace 2013
Nez de raisins frais, très aromatique au niveau du nez, un sucre résiduel de 12 g qui ne sent pas du tout, en bouche le vin est friand, frais, facile à boire
Alsace Riesling 2011
Race, croquant avec un sucre résiduel de 4 g, la bouche est grasse avec une finale sur l’acidité. Un Riesling bien typé.
Alsace Pinot Gris 2013
Nez très fruité avec des notes de poires, de fruits jaunes, la bouche est gourmande, riche avec une finale fraîche. Un vin de plaisir
Alsace Gewurztraminer 2013
Des notes de rose, variétale, la bouche est ample avec légère amertume en finale qui fait saliver.
Alsace Riesling 2009 Muhlforst
Le nez est pétrolé, la bouche est marquée par sa fraicheur et son terroir avec une finale minérale. Une persistance aromatique est bouche très présente.
Alsace Pinot Gris 2013
Un nez délicat, fruité avec des notes de pêches, l’attaque est souple, fruité, avec une finale citronnée. Un vin avec un bel équilibre et plain de finesse.
Alsace Gewurztraminer 2013 Haguenau
Le nez est très aromatique comme on aime le découvrir dans le Gewurztraminer. On retrouve ses notesfruitées, épicés en bouche avec une grande richesse. C’est un vin plein et harmonieux.
Alsace Riesling 2011 Osterberg
Son nez est pétrolé, En bouche, c’est un vin riche avec de la fraicheur. Son équilibre est très plaisant et lui permet un potentiel de garde.
Pour le dîner, nous nous rendons dans le Winstub le Chambard, la partie bistrot du restaurant gastronomique, 2 étoiles au Michelin. Repas rustique et copieux en compagnie de 4 vignerons : Mélanie Pfister, Madame Deiss, Rémy Gresser et Catherine Faller. Thierry Fritsch, directeur du CIVA avait tenu à être présent.
Quel plaisir de pouvoir partager ces nectars avec ces artisans du vin.
Et ainsi s’achève une autre journée, bien remplie jusqu’au bord !
Mardi 25 novembre
Notre dernière journée commence avec le retour de cieux bas, mais la visite chez un vigneron qui promet d’éclairer nos horizons : Jean-Michel Deiss, Domaine Marcel Deiss, son grand-père (27 ha). Qualifié comme « allumé » par certains, c’est un passionnée de la biodiversité et la complantation, et un féroce adversaire de la monoculture, la chaptalisation, l’acidification, des levures sélectionnés, du Riesling pétrolé… Moitié prêtre orateur, moitié acteur dans le style déclamatoire d’un Fabrice Lucchini, il produit 120.000 bouteilles par an, et des aphorismes sans modération. « Le goût n’a pas de sens ; seul le sens a du goût. » (Je cogite celui-là encore). « Le terroir, c’est le moi du raisin. » « Vendanger, c’est un hold-up. » « La fiche technique d’un vin est une autopsie. » Du coup, nous n’avons pas osé commenter ses vins, alors bonne chance au écri-vin qui suit !
NOTES DÉGUSTATION : Domaine Marcel Deiss
C’est à Bergheim, petite ville au cœur du vignoble Alsacien, que nous nous sommes rendus afin de découvrir le Domaine Marcel Deiss, aujourd’hui aux mains de son fils Jean Michel.
Cette famille, installée depuis 1744, est à la tête de 27 hectares, qui produit aujourd’hui 1000 hectolitres, entièrement vendangés à la main, par une équipe d’une vingtaine de personnes.
Repartie sur 9 communes, le domaine bénéficie d’une extrême variété (220 parcelles) qui permettent à ses précurseurs de la complantation d’affirmer leur terroir.
Jean Michel Deiss est très attaché à sa vigne, il la respecte, la travaille en biodynamie, ce qui permet à ce paysan, poète, de nous faire déguster des vins exceptionnels.
La particularité des vins de chez Deiss sont de s’appréhender, dans leur ensemble, comme un tout.
La famille des Sommeliers sait se retrouver et malgré ses nombreuses occupations, Serge DUBS Meilleur Sommelier du Monde 1989, Président des Sommeliers d’Alsace, past président de l’UDSF, Chef Sommelier du célèbre restaurant triplement étoilé : l’Auberge de l’ILL. Serge qui vient de recevoir l’insigne de la légion d’honneur, nous a fait le grand plaisir de nous rejoindre pour partager des instants toujours trop courts, mais appréciés de tous. Notre Présidente Gisèle Marguin qui a travaillé à ses côtés au bureau national UDSF pendant 3 ans, et nous tous étaient très heureux de la venue de Serge.
Tout d’abord nous avons commencé la dégustation par :
Un Alsace Blanc en complantation de 13 cépages, une jolie robe jaune pâle, avec un nez vif, fruité, avec des arômes mêlant le citron vert, les fleurs blanches, l’ananas et la pêche jaune. Un vin de soif avec un potentiel de garde de 8 ans.
Suivi d’un Berckem, en complantation de 13 cépages, un vin gras, une belle expression aromatique calcaire, belle complexité, avec un potentiel de garde de 12 ans.
Ensuite c’est avec un Schoffweg que nous nous sommes régalés, un vin au touché en bouche gras, sur des notes toastés, grillées, de sésame, fin et légèrement vanillé, et une très belle longueur en bouche. Potentiel de garde 10 a 15 ans.
Puis ce fut au tour du Grasberg, le seul 1er cru exposé, nord, sur un sol rouge sang, un vin exotique au nez d’agrumes et de menthe, une bouche agrumes très murs.
Le Burg ensuite, un vin plein de matière, riche et puissant, au nez complexe de terre mouillée, et de fruits blancs. Une bouche très généreuse, ample, fruité, iodé. Potentiel de garde 10 à 15ans.
Pour achever cette magnifique dégustation, Jean-Michel Deiss nous a fait déguster de son superbe Grand Cru l’Altenberg de Bergheim, grand vin riche et puissant, avec un équilibre parfait et une très jolie fraîcheur. Un nez agrumes et fruits exotiques, de miel et de vanille. Potentiel de garde 20 à 30 ans.
Dernier déjeuner de notre périple alsacien au Tilleul, puis dernière visite chez la jeune, enthousiaste vigneronne Mélanie Pfister. Au Domaine Pfister (10 ha) qui appartient à la famille depuis 1780, elle travaille main dans la main avec son père, qui a toujours eu, elle nous dit « de l’avance sur son temps. » Comme lui, Mélanie va de l’avant : construction d’une grande cave nouvelle, « high-tech », construite pour l’avenir, vinification en cuves Inox, contrôlée par un ordinateur dernier cri. Seul élément ancien du vignoble : l’équipe de vendangeurs, qui sont tous des retraités… souples !
NOTES DÉGUSTATION : Domaine Pfister
Mélanie qui a repris les rênes du domaine mais toujours secondée par son papa André nous accueille dans le vignoble du nord de l’Alsace plus précisément à Dahlenheim (67 – Bas Rhin). Son domaine de 10 hectares s’étend autour de la commune. Une cave totalement rénovée avec de grands espaces. Une philosophie qui axe sur le travail de la vigne afin de produire des raisins d’une grande qualité et bien sûr des vins d’une excellente qualité :
De jolis vins de terroirs avec une belle maitrise du boisé pour le Pinot Noir, un équilibre et la finesse des bulles pour le crémant et l’élégance, la gourmandise, la fraicheur des cépages alsaciens vinifiés en blanc. http://www.domaine-pfister.com/Domaine-Pfister-Dahlenheim-Alsace-viticulteur-domaine-viticole/
C’est l’heure du départ pour l’aéroport, et en route Carlos, notre chauffeur efficace et sympathique, nous offre un dernier grignotage : deux Kougelhofs, cette brioche alsacienne dont nous avons rêvé depuis notre arrivée.
Au check-in, on constate que les valises (comme nous-mêmes, d’ailleurs) pèsent plus lourds qu’à l’arrivée, mais nous partons sur un nuage après ces quatre jours conviviaux, remplis de dégustations et rencontres passionnantes.
En conclusion, l’Alsace, en cherchant son chemin comme appellation, s’est doté d’une gamme de vins dune belle diversité, produits par des vignerons greffés à leur vignes depuis des générations, chacun travaillant à sa façon, mais tous dans le même objectif : produire des vins d’Alsace qui nous parlent de leur région. On les a écoutés avec grand plaisir !
La collégiale des écrits-vins de l’ASAMP
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